DOCTEUR, NOUS SOMMES CONFINES ET NOUS GRIGNOTONS SANS ARRET
Que faire en cette période de confinement ?
Médecin Nutritionniste, Concepteur de la Méthode BIOSCORE
Président-Fondateur de la Société BIOSCORE
Dernière mise à jour le 14 avril 2020
En ces moments difficiles de confinement, l'accent a été mis dans les médias sur une consommation d'alcool en progression de 20 % favorisant le grignotage de biscuits salés, de chips, de cacahuètes etc.
J'en profite pour vous rappeler que toute dose d'alcool prise dans son verre habituel apporte 85 kilocalories qui se rajoutent par exemple aux 100 kilocalories délivrées par seulement 10 cacahuètes. C'est énorme !
Et ce d'autant plus qu'auparavant dans la journée, les personnes assujetties au télétravail peuvent être tentées par un grignotage exacerbé par des conditions de stress familiaux ajoutées au stress professionnel.
La question se pose donc de savoir quels sont les mécanismes physiologiques qui président à ce besoin impérieux de grignotage.
Avant tout, il faut évoquer le système de régulation de l'appétit contrôlé par deux hormones antagonistes, celle de la faim appelée ghréline fabriquée et secrétée par l'estomac et celle de la satiété, la leptine, synthétisée par les cellules graisseuses (adipocytes).
L'équilibre harmonieux est rompu soit parce que la quantité de leptine est réduite dans le sang soit en raison d'une difficulté liée à sa reconnaissance par le cerveau à tel point que les messages de satiété qu'elle envoie ne sont plus ou sont mal reconnus.
Vous n'avez donc pas la sensation d'être rassasiés
... ou d'être repus comme dirait ma petite fille.
Conséquence, vous vous resservez ou vous grignotez sans arrêt pour obtenir satisfaction (on parle de circuits de la récompense).
Autre possibilité, vous avez une addiction aux sucres rapides dont l'index glycémique est élevé (passage rapide du glucose dans le sang) provoquant une sécrétion importante d'insuline par le pancréas quelquefois inappropriée de sorte que le taux de sucre dans le sang (la glycémie) baisse brutalement avec pour conséquence une hypoglycémie plus ou moins bien supportée.
La seule solution pour éviter le malaise consiste en la prise immédiate d'aliments très sucrés pour faire remonter la glycémie. Ainsi peut s'installer un cercle vicieux alternant prise de sucre, sécrétion d'insuline et hypoglycémie.
Si mes souvenirs sont bons cela s'appelle le syndrome de SOMOGYI tel que nous l'avait décrit notre Professeur de Physiologie et d'endocrinologie, l'inénarrable ORSETTI dans les années 1970.
A cela s'ajoute la participation de l'hormone du plaisir ou plutôt neuromédiateur, la dopamine cérébrale dont les récepteurs peuvent en quelque sorte se bloquer si bien que pour atteindre le « nirvana » il faudra augmenter les doses, comme dans toutes les addictions.
Enfin, le sucre intervient dans la production de sérotonine, neurotransmetteur surtout digestif mais aussi cérébral à l'origine des sensations de plénitude, d'apaisement et de bien-être.
Alors que faire ?
La solution passe probablement par un ajustement de la dose de protéines alimentaires adapté à votre masse maigre. En d'autres termes il convient, au cours des repas, de consommer des aliments satiétogènes comme le thon, le saumon, les blancs de poulet ou de dinde et entre les repas, si le désir de grignoter l'emporte, de privilégier les légumes à croquer tels les radis, les carottes crues, les bâtons de céleri etc. pour ne pas élever la glycémie évitant de la sorte une sécrétion inappropriée d'insuline.
S'agissant des crises d'hypoglycémies réactionnelles, il faudra associer à la prise de sucre rapide, un sucre lent et un aliment protéiné dont la combinaison assurera une glycémie correcte et prolongée dans le temps évitant d'entrer dans le cercle vicieux évoqué plus avant.
La phase 1 de la méthode BIOSCORE est souvent décrite par les patients comme une phase où la sensation de faim disparait rapidement en deux à trois jours créant les conditions d'une abstinence de grignotage.